Ci-dessus: Boîte, Anonyme, entre 1750 et 1850
© CC0 Paris Musées/Musée Cognacq-Jay


Dans le creux d'une main ou glissés dans une poche, les objets précieux du XVIIIe siècle sont des écrins d'inventivité et de raffinement. Flacons à parfum, boîtes à mouches, nécessaires à couture et tabatières se déclinent en or, ivoire, émaux ou laques, parfois enrichis de diamants. Ces objets de parure témoignent de la sociabilité d'une époque où l'élégance se joue dans les moindres détails.

L'exposition organisée par le musée Cognacq-Jay a réuni près de trois cents de ces miniatures d'orfèvrerie, permettant d'en découvrir le contexte de fabrication et d'usage. Parmi elles, les tabatières de Frédéric II, dispersées depuis deux siècles, ont été exceptionnellement rassemblées. Ces objets d'apparat, plus qu'un simple accessoire, racontent l'art de vivre d'une société raffinée.

L'attrait pour ces pièces repose sur l'alliance de matériaux précieux et d'un savoir-faire technique minutieux. L'orfèvrerie parisienne, stimulée par l'apport de matières venues de contrées lointaines comme la porcelaine de Chine ou le vernis Martin, innove sans cesse. Peintres, émailleurs et lapidaires collaborent avec les orfèvres pour créer des objets d'une grande finesse, où chaque détail est pensé pour émerveiller et souligner le statut de son propriétaire.
 

Tabatière, Paul-Nicolas Ménière, entre 1776 et 1777 © CC0 Paris Musées/Musée Cognacq-Jay
 

Au-delà de leur valeur matérielle, ces accessoires ont une fonction sociale. Le rituel de la tabatière, présentée et ouverte d'un geste mesuré, participe à la mise en scène de soi. Les boîtes à mouches, associées aux jeux de la séduction, et les flacons à parfum, réveillant les sens, accompagnent les élites dans leur quotidien. Ces objets mobiles participent ainsi à l'esthétique du paraître, caractéristique du siècle des Lumières.
 

Boîte, Johann-Christian Neuber, vers 1780© CC0 Paris Musées/Musée Cognacq-Jay


Si leur production connaît un essor au XVIIIe siècle, ces créations suscitent encore aujourd'hui l'intérêt des collectionneurs. Ernest Cognacq et Marie-Louise Jaÿ ont rassemblé une impressionnante collection de ces "bijoux", enrichie au XXe siècle par Rosalinde et Arthur Gilbert. L'engouement pour ces pièces se perpétue, inspirant les grandes maisons de joaillerie contemporaines qui, à l'instar de Fabergé ou Van Cleef & Arpels, revisitent cet art du détail et du faste miniaturisé. Une manière de prolonger la fascination pour ces objets où la matière et la virtuosité dialoguent avec le goût du secret et du paraître.