C'est le diamant brut qui dicte sa loi au tailleur. En fonction de sa forme, de sa taille, des inclusions naturelles qui caractérisent toujours un diamant, le tailleur va déterminer la meilleure façon de maximiser la beauté et la valeur de la pierre taillée. Pour certaines pierres de taille intermédiaire, cette phase d’analyse est facilitée par l’usage de scanners permettant de modéliser les différentes options. Mais pour les diamants les plus remarquables, ce travail est fait à la main et demande une grande expérience et un savoir-faire d’exception.
En effet, plus la pierre est importante, plus l’étude préalable est longue et complexe. Gabi Tolkowski, tailleur mythique, descendant d’une famille de maîtres tailleurs renommés, a ainsi consacré trois années de sa vie à façonner les 247 facettes du légendaire diamant Centenaire De Beers. Évoquant sa passion, son métier, il parle d’un dialogue avec la pierre. “ Je veux être la plus belle ”, lui murmure-t-elle. C’est cette intimité entre le tailleur et la pierre qui guide chacun de ses gestes, minutieuse progression vers le plus bel éclat possible.
De façon générale, une fois le plan de taille finalisé, le tailleur va facetter le diamant selon des règles de symétrie et de proportions qui ne laissent aucune part à l'improvisation, car ce sont ces règles qui font que du diamant vont jaillir lumière et éclat, révélant toute sa beauté naturelle et son caractère unique.
L’analyse de la pierre brute - sa forme naturelle, ses inclusions et leurs emplacements - permettra de décider de sa taille optimale. Le tailleur peut décider de scinder une pierre en deux pour n'en conserver les parties les plus intéressantes. Le marquage des plans de clivage et de l’orientation de la taille se fait traditionnellement à la plume et à l’encre de Chine.
Le clivage permet de supprimer les inclusions en fendant une pierre en deux ou plusieurs parties. Rien n'étant plus dur que le diamant, une mauvaise manipulation peut le faire voler en éclat. Son cristal comporte des plans de clivage, parallèles à l'une de ses faces, le long desquels les liaisons chimiques, moins fortes que dans les autres directions, orientent le clivage. Le cliveur insère une fine lame d’acier dans l’entaille du point de clivage et la fend d’un coup sec, en deux surfaces parfaitement planes, identiques à une facette polie. Ce métier exige une grande expérience et des gestes assurés pour éviter tout accident dont coût peut être colossal.
En moyenne, chaque pierre perd plus de la moitié de son poids d’origine pendant les phases de taille et de polissage. Un diamant taillé d’un carat provient d’une pierre brute de 2 carats.
Lors du sciage, on partage le diamant dans d’autres directions que le plan de clivage. On utilise un disque de métal dont le bord est enduit d'un mélange de poudre de diamant et d'huile, ou un laser (certaines découpes sont impossibles à la scie). Seul un diamant peut couper un autre diamant. Cette opération laborieuse peut duer de 45 minutes à 8 heures pour un diamant de 1 carat.
Lors de cette étape, on précise les contours de la pierre en l’arrondissant avant le facettage. A l'origine, le débrutage s'effectuait à la main, en frottant deux diamants l'un contre l'autre. La dureté des pierres exigeait une grande force physique importante et une patience encore plus grande. Aujourd'hui, cette étape est réalisée avec des machines de débrutage. Le diamant est serti sur un bâton de débrutage tourne sur lui-même à environ 1700 tours/minute et frotte ainsi la pierre à une ou deux têtes diamantées. La forme finale est ébauchée. On récupère soigneusement les petits débris ou poudre de diamant pour la petite joaillerie (l’Inde est spécialisée dans la taille des tous petits diamants), un usage industriel ou de découpe.
Cette dernière étape est essentielle. De la finesse de son exécution dépend la qualité d'une pierre et sa valeur. Le diamant est facetté selon des angles précis afin qu'il réfracte la lumière de manière optimale. Une facette est obtenue en meulant le diamant sur un plateau de polissage enduit de poussière de diamant mélangée à de l'huile de lin. La grande facette du dessus est d’abord polie, puis les facettes principales de la culasse (partie inférieure de la pierre), et enfin les facettes principales de la couronne (partie supérieure). On multiplie ensuite les facettes de la culasse, puis celles de la couronne. La surface, la forme et l'angle de chacune d'entre elles doivent être d'une précision extrême.
Le saviez-vous ?
En moyenne, chaque pierre perd plus de la moitié de son poids d’origine pendant les phases de taille et de polissage. Un diamant taillé d’un carat provient le plus souvent d’une pierre brute de plus de 2 carats.
Les principaux centres de taille traditionnels se trouvent à Anvers, Tel Aviv et New York. Héritière d'une tradition millémnaire de la taille, grâce à sa main d'oeuvre bon marché et sa tradition joaillière (l'Inde est le premier producteur de bijou d'or au monde), l'Inde s'est imposée en trente ans comme le premier centre de et de polissage de diamants au monde.
C'est au Nord-ouest de l'Inde dans l'Etat de Gujarat, et dans les villes de Surat, Bhavnagar et Ahmedabad que se concentrent 90% des unités de taille. Aujourd'hui neuf diamants sur dix sont taillés en Inde, employant près d'un million de personnes dans l'Etat de Gujarat. Historiquement spécialisée dans les petites pierres inférieures à 0,5 carats, l'Inde étend maintenant sa domination aux plus grosses tailles et aux pierres de meilleures qualités. Les pierres exceptionnelles restent le plus osuvent taillées à New-york, notamment pour les diamants de couleur, Tel Aviv, notamment pour les tailles "fancy" (autres que rondes), et à Anvers.
Parmi les acteurs, il faut noter la Chine qui se distingue surtout dans la production et la consommation de joaillerie alors que la production de diamants taillés est de plus en plus concurrencée par l'Inde. La création d'une bourse à Shangai, l'installation de deux laboratoires de gemmologie et une récente baisse des taxes sur l'importation des pierres taillées témoignent de la volonté chinoise de dynamiser ce secteur, notamment au niveau de la consommation et de l'exception de bijoux vers les marchés américains et européens.
La dernière évolution notable sur le marché mondial concerne l'ouverture de centres de taillerie et de polissage dans les pays producteurs notamment africains. Cela correspond à une volonté des pays producteurs comme le Botswana et l'Afrique du Sud de développer une activité secondaire de taille en complément de leur activité minière. Les entreprises minières s'engagent souvent à mettre à dispositions d'unité de taille locale et une partie de leur production.